Les as du poker clandestin au tapis

Leurs parties clandestines étaient sans équivalent dans le milieu des passionnés du poker. Un organisateur de soirées de jeu, réunissant riches chefs d’entreprise, joueurs semi-professionnels et membres du show-business — dont le chanteur Patrick Bruel —, a été interpellé le 10 juillet à la sortie de son domicile parisien, situé rue de la Faisanderie dans le XVIe arrondissement.
Mis en examen pour « tenue d’une maison de jeux de hasard en bande organisée » et « association de malfaiteurs », Michaël B., gérant de sociétés, âgé de 41 ans, a été placé sous contrôle judiciaire. Dans son appartement, les enquêteurs du groupe spécialisé dans la lutte contre les jeux clandestins de la brigade de répression du banditisme (BRB) ont découvert des chèques d’un montant de 230000 €, provenant de joueurs.

Un mois plus tôt, les policiers de la BRB avaient déjà arrêté les deux autres principaux organisateurs de ces parties, dont les enjeux pouvaient atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. David T., propriétaire de plusieurs agences immobilières et domicilié dans un vaste appartement de plusieurs centaines de mètres carrés, doté d’une terrasse avec vue sur le parc Monceau, dans le VIIIe arrondissement, et Jean-Jacques G., locataire d’un luxueux duplex, avec jardin privatif, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), donnant sur le bois de Boulogne ont été mis en examen le 15 juin.

« Dans l’appartement du parc Monceau, près de 40000 € en argent liquide, du matériel de jeu, un revolver calibre 38 spécial, un pistolet automatique 9 mm, un fusil Winchester et deux autres armes de poing ont été saisis, confie une source proche de l’affaire. Chez lui, les parties démarraient vers 21 heures pour se terminer aux alentours de 4 heures du matin. Deux joueurs y ont perdu beaucoup d’argent. » Le premier y a laissé près de 500000 €, tandis que le second, marchand d’art parisien, y a englouti 700000 € en une seule soirée.

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Chez Jean-Jacques G., connu pour ses liens avec le milieu du banditisme, les enquêteurs ont mis la main sur 77000 €, dissimulés derrière des caches aménagées dans les cloisons, et près de 2500 $. « Cet homme est incontournable depuis plusieurs années dans l’organisation de parties clandestines de poker à très gros enjeu, poursuit la même source. Il officie comme banquier, en se portant garant du paiement des gains et du remboursement des dettes. Car dans ces parties on joue entre gens de bonne compagnie. Ces personnes ne veulent pas savoir qui doit quoi à qui mais entendent bien être payées. »

Selon nos informations, Jean-Jacques G. percevait entre 10000 € et 12000 € par soirée, à raison d’une à deux parties par semaine, depuis près d’un an. « Vous ne pouviez pas entrer dans ces parties comme ça, précise un proche de l’affaire. Neuf joueurs étaient triés sur le volet et un croupier professionnel, payé 500 €, avait été recruté. Si un des participants faisait défection, les organisateurs pouvaient piocher un remplaçant dans une liste d’attente. Il fallait par ailleurs se présenter avec 10000 € en liquide et un chèque en blanc pour couvrir ses pertes. » Parmi les habitués figuraient de riches hommes d’affaires ayant fait fortune dans le textile et des professionnels de la finance. Le chanteur Patrick Bruel, qui a participé à plusieurs de ces parties clandestines, a été entendu, ainsi que d’autres joueurs, par les policiers de la BRB.

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